Sylvie Brunel devant le CIVB:"c'est le paysan qui est l'espèce menacée"


Selon la géographe, tant de difficultés sont imposées à l'agriculteur qu'on arrive à un résultat inverse: "on pousse à l'industrialisation de l'agriculture"


Au cours de l'exposé de Sylvie Brunel (ph Paysud)
Au cours de l'exposé de Sylvie Brunel (ph Paysud)
Confronté à l'impact de certaines séquences audiovisuelles en quête de spectaculaire et au contexte écologique ambiant, le CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) s'efforce de rétablir les vérités. Au-delà des éléments statutaires et de l'examen du bilan financier de 2015, c'était le sens de la dernière assemblée générale de l'institution qui recevait le préfet de la grande région Pierre Dartout. Le président du CIVB, Bernard Farges, s'est fait l'avocat de la profession. Et son analyse était par la suite confortée par l'intervention de Sylvie Brunel, qui, grâce à sa vision planétaire de géographe et d'économiste, remettait, pour résumer, les pendules à l'heure face aux visions simplistes des choses.
"Notre filière des vins de Bordeaux, déclarait notamment Bernard Farges, a les mêmes attentes, que les associations qui nous interpellent. Oui, la filière des vins de Bordeaux a pour objectif la diminution forte, voire même la sortie de l'usage des pesticides. Nous avons donc un objectif commun... Notre chemin pour y arriver peut être différent de celui réclamé par ces associations. Cet objectif ne sera pas atteint en quelques semaines,ni avec des mesures simplistes,mais bien avec des choix,des engagements, des investissements.... Cet objectif ne sera pas atteint en opposant les modèles, qu'ils soient conventionnels, certifiés,bio, biodynamie. Les solutions sont diverses et complémentaires...."
  • "NE PLUS CONSTRUIRE PRES DES VIGNES"
Le président du CIVB appelle, dans l'immédiat, ses collègues à la vigilance en matière de comportements, et au dialogue avec les voisins. Mais il demande un changement des règles en matière d'urbanisme. "Nous ne voulons plus voir se développer des constructions à proximité des vignes et se voir reprocher ensuite cette même proximité".
Le CIVB, fréquemment soumis aux critiques de la représentante de la Confédération Paysanne (Claire Laval) bénéficiait cette fois du renfort de Sylvie Brunel, dont le regard est affranchi de toute dépendance des associations écologistes. Regard au-delà de la viticulture, mais qualifié s'il en est, puisque Sylvie Brunel (1) est également impliquée dans la coopération, en Afrique. Consciente que les Français ont la mémoire courte, elle devait notamment rappeler les performances de l'agriculture hexagonale, et celles de sa viticulture "ce qui a permis d'utiliser de la terre pour autre chose". On parle beaucoup aujourd'hui de pesticides, mais il faut se souvenir que dans les années 50 il y avait 4000 intoxications alimentaires par an en France. L'espérance de vie est de 70 ans dans le monde au lieu de 45 ans. Et les pays du Sud-où les paysans se battent contre tous les prédateurs pour conserver de maigres récoltes- n'ont pas la même perception des pesticides que la France et l'Europe.

Pour un pacte de l'agriculture

Sylvie Brunel devant le CIVB:"c'est le paysan qui est l'espèce menacée"
"Mais, remarque-t-elle, les solutions d'hier sont devenues les problèmes d'aujourd'hui." L'agriculture française est en perte de compétitivité. "Il y a un malaise, un problème". Sylvie Brunel, évoque les conséquences de l'empilement des normes environnementales et de ce qui est demandé à l'agriculteur "qui doit être stratège, agronome, bon partout. On se demande s'il y a une autre profession où on demande autant, avec autant de contraintes." Il y a tellement de difficultés, que l'on arrive au résultat inverse:on pousse à l'industrialisation de l'agriculture. La nouvelle espèce menacée, c'est le paysan."
Aux yeux de Sylvie Brunel, compte tenu des besoins alimentaires mondiaux prévisibles, l'agriculture est devenue un secteur stratégique. Il suffit pour s'en convaincre de voir les achats, par les Chinois de l'agrochimie de Syngenta, et leurs acquisitions de terres. "En France, on ne veut pas de phytos, pas d'irrigation, pas d'OGM, ça va être compliqué!". Or, les OGM permettent d'économises les pesticides. Alors quelles solutions? Pas de miracle possible selon l'intervenante. Mais elle estime que toutes les agricultures sont nécessaires. Et que le métier d'agriculteur est un métier d'avenir. Elle avance l'idée d'un "nouveau pacte de l'agriculture en France".
G.G.
1)Sylvie Brunel est agrégée de géographie, docteur en économie, professeur des Universités (Sorbonne), a collaboré à plusieurs ONG, journaliste, écrivain....
Lundi 25 Avril 2016

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