Un Noël dans le brouillard d'une économie frigorifiée


Ce n'est certes pas la première fois que la plus grande fête de la Chrétienté survient dans un contexte d'incertitudes, mais le Noël 2008, à l'image de ces journées de brouillard, survient dans la purée de pois économique. Ce contexte conduit l'église catholique, ainsi qu'un certain nombre de personnalités, à élever la voix, et à souligner que la célébration de la venue du Christ, peut aussi être l'occasion d'un réveil salutaire, et de nouveaux pas vers la solidarité. Néanmoins la période que nous vivons ne manque pas de particularités


Un Noël dans le brouillard d'une économie frigorifiée
"Il m'arrive, écrit Jacques Turck, directeur de Famille et Société, d'entendre des commentaires sur les effets de la crise économique et sociale. Spontanément, la morosité, voire la peur, se reportent sur la fête de Noël. Cette année, elle ne serait pas aussi belle qu'avant: sous entendu, nous ne pourrons pas nous offrir tout ce dont nous avons en vie. J'avoue qu'une telle réaction m' a fait mal. La joie de la naissance de Jésus ne se fonde pas sur le plus ou le moins de cadeaux reçus ou offerts. Au contraire...elle pourrait revenir au centre des célébrations, au coeur de notre fête. Lorsque le secondaire vient à manquer, l'essentiel prend plus d'importance. Ceci ne nous empêche pas de comprendre, d'agir, et d'espérer...". De son côté, le Conseil de la solidarité du diocèse de Bordeaux lance un appel en notant que dans la seule Communauté Urbaine de l'agglomération 10 000 foyers vivent au-dessous du seuil de pauvreté, et qu'en France, 5millions de ménages ont du mal à se chauffer. Et d'affirmer:"c'est à une mutation de nos valeurs que nous sommes appelés. La honte sociale ne doit pas être le fait de ceux qui sont dans la difficulté, mais plutôt du côté de ceux qui par la spéculation ont provoqué la crise... Soyons conscients que toute action pour augmenter le pouvoir d'achat , réduire les inégalités, et faire progresser l'emploi, contribue à moyen terme à réduire la pauvreté...".

La Nation oubliée

Par un ailleurs, un certain nombre de personnalités signent dans la presse une tribune libre "Noël rendez-vous de l'espérance", dans laquelle elle estiment qu'il existe deux priorités:"celle de l'homme sur l'économie" et "celle des pauvres sur les privilégiés". On ne peut certes, que souscrire à ces principes, mais le problème est que, de nos jours, l'économique est devenu dominant, poussant dans ses retranchements le juste, le spirituel, le religieux ,et le "politique". Et, pour ce dernier avec d'autant plus de facilité qu'il est allé de renoncement en renoncement. Ne serait-ce que sur la Nation. Il ne s'agit pas ici de de faire l'apologie du nationalisme, mais d'évoquer la Nation protectrice de ses citoyens, et non pas passoire avec des trous grands ouverts sur le monde des salaires de misère, des réglementations sociales ignorées, de la pollution, du travail des enfants. Il est vrai que le capitalisme a apporté un peu de mieux être à ces populations,mais maintenant, il faut aligner nos salaires sur les leurs. Aux Etats-Unis Bush va finalement aider GM et Chrysler à sortir de l'ornière. Réflexe national d'un champion du libre échange. Peut-être a-t-on pensé à la Maison Blanche que dans quelques années cela ferait désordre de devoir s'en remettre à une marque coréenne ,voire chinoise pour équiper l'US Army! Mais en tout cas l'attribution des 13,5 milliards de dollars est conditionnée par la restructuration et... la baisse des salaires. L'on se trouve en réalité sous les coups de bâton de la mondialisation.

Et si on augmentait les salaires?

Ce ne ce sont pas les licenciements et la baisse des salaires qui vont améliorer les conditions de vie de milliers de travailleurs américains. Certes l'Economiste dira, qu'il faut laisser faire, que l'emploi se recréera ailleurs. Mais l'Economiste a -t-il un coeur? Sans doute n'aime-t-il pas sa ville, ses coteaux, ses plaines, voire son pays ou son Dieu. La crise étant née aux USA, tout ce qui se passe là-bas nous concerne. Et ce d'autant plus que l'automobile que l'on se plait à culpabiliser depuis des années est le moteur de notre économie. En réalité, il ne faudrait pas baisser les salaires, mais les augmenter, surtout les plus bas. Ce serait le meilleur moyen de rendre la confiance, cette confiance qui s'est envolée au rythme du matraquage médiatique à propos de la crise. Et si les salaires avaient été plus confortables on aurait pas connu l'affaire des "suprimes "aux Etats-Unis. Il conviendrait aussi de trouver le moyen de stopper la contraction actuelle des acteurs économiques essentiels:les individus. Si la Banque de France constate une régression des dépôts à vue, elle enregistrait au contraire (septembre et octobre ) une forte progression des dépôts à court terme et des comptes sur livret. Ce n'est pas la crise pour tout le monde comme on le constate au Café Pays....
Mercredi 24 Décembre 2008

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