Agriculture aquitaine:le bonheur est dans le pré et l'élevage


La chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine demande un moratoire sur les traités commerciaux et dénonce un projet européen d'importation de 24 000 tonnes de viande bovine d'Australie


La Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine interpelle les Pouvoirs Publics afin qu’ils réaffirment l’impératif de la souveraineté et de la sécurité alimentaire, tout en le conciliant avec les engagements pris sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Bien que la plupart des filières d’élevage françaises soient déficitaires, la Commission européenne a proposé à l’Australie le 24 mai dernier un contingent d’importations de 24 000 tonnes de viande bovine sans droits de douane.
Loin de réduire les émissions de méthane, cet accord revient à les déplacer à l’autre bout de la planète, puis à les augmenter en important ensuite la viande.
Concrètement, la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine demande :
• un moratoire sur les accords de libre-échange que l’Union Européenne multiplie (CETA, Mexique-Chili, MERCOSUR, Nouvelle-Zélande…) et qui, en ouvrant à chaque fois des contingents d’importations qui dépassent 200 000 tonnes cumulées, sacrifient inutilement des entreprises, des emplois, des familles et des territoires entiers ;
• la prise en compte du bilan carbone des échanges avec l’autre bout de la planète et l’application de « clauses-miroirs » pour mettre fin à la concurrence déloyale d’élevages-usines de plus de 30 000 bovins, élevés dans des conditions et avec des substances interdites en Europe ;
• la réaffirmation des aménités positives de l’élevage bovin pour informer les citoyens et donner l’envie aux jeunes de s’y lancer :
• les prairies (1,6 Mha sur 3,9 Mha de SAU en Nouvelle-Aquitaine) stockent de la matière organique (et donc de l’eau), du carbone et de l’azote de l’air
• l’élevage bovin produit des engrais organiques bénéfiques pour la vie microbienne, la fertilité et le taux de matière organique des sols ;
• l’élevage bovin participe à maintenir des paysages ouverts, propices aux activités humaines de production et de loisirs. Il contribue à l’attractivité des paysages et du patrimoine local ;
• l’élevage bovin est pratiqué dans les exploitations entretenant le plus d’infrastructures agro-écologiques, protégées dans la PAC 2023-2027 (haies, bocages, zones humides, prairies remarquables…) ;
• de fixer un cap et un calendrier clairs et concertés, portant une vision dans le cadre de la planification écologique, notamment quels types d’élevages bovins pour quels types de consommation seraient souhaitables, et d’y intégrer les stratégies professionnelles déjà en place visant à réduire l’empreinte carbone de l’élevage.

En attendant les propositions du Conseil National de la Transition Écologique (CNTE) sur la réduction des émissions de GES par secteur prévues fin juin, les éleveurs français de bovins sont submergés de messages et d’injonctions contradictoires :
• D’un côté, des discours stigmatisant les impacts négatifs de l’élevage bovin, responsable de 11 % des émissions de GES, presque autant que l’immobilier résidentiel, comme l’a écrit la Cour des Comptes le 22 mai dernier, cette dernière souhaitant une baisse supplémentaire du cheptel de 30%, en plus de celle déjà observée (l’élevage bovin de Nouvelle-Aquitaine a perdu presque 20% de ses vaches en 15 ans, soit -250 000 têtes)
D’un autre côté, des dispositifs accompagnant les éleveurs dans la transition agro-écologique, comme par exemple Chambres d’agriculture France qui lance cette année un plan massif et individualisé d’adaptation au changement climatique auprès de 100 000 exploitations d’ici 2030 ; ou bien des dispositifs pour maintenir l’élevage herbager dans les aires d’alimentation et de captage d’eau potable, comme par exemple les paiements pour services environnementaux (PSE) déployés par des Agences de l’eau ; sans compter les multiples actions engagées par des collectivités territoriales (PNR, syndicats de développement…), conscientes et observatrices du rôle essentiel de l’élevage pour préserver les zones humides, prévenir les incendies, ouvrir les paysages pour le tourisme, maintenir des emplois ruraux non délocalisables…

L’élevage bovin a la triple particularité de s’inscrire dans des cycles biologiques longs, de mobiliser beaucoup de travail et de capitaux par actif, et d’être aujourd’hui aux mains d’éleveurs âgés, la moitié ayant plus de 50 ans et 20% plus de 60 ans. Il ne peut y avoir de transition agro-écologique et de renouvellement des générations sans donner le goût de l’avenir aux éleveurs, et donc sans leur tracer, ainsi qu’à leurs successeurs, un horizon stable et désirable.
Jeudi 1 Juin 2023

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