"Les mouches ont changé d'âne" ou la conquête du Lot-et-Garonne par la Coordination Rurale

"Dans cette région de la moyenne Garonne, vous êtes génialement moyens" avait dit celui qui fut à l'origine de bien des réformes agricoles, Edgar Pisani. Un constat s'appuyant sur le climat, les savoir-faire et l'état des structures dans un département comptant, dans les années 70, une dizaine de milliers d'exploitations agricoles aux productions très diversifiées. Mais le changements des temps, la création du Marché Commun, l'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne, vinrent vite troubler l'ordre des champs garonnais, et créer des espaces propices à l'implantation des divers mouvements syndicaux, voire politiques. Un terreau favorable -d'abord à une FDSEA contestataire de l'appareil national FNSEA-au MODEF proche du Parti Communiste, comme à la Confédération Paysanne pratiquement née dans ce département. Et plus récemment, alors que la PAC 92 éveillait la colère du monde paysan, le Lot-et-Garonne s'aperçut vite qu'il était le voisin du Gers, département dans lequel Jacques Laigneau venait de créer la Coordination Rurale.
Paradoxalement, ce mouvement devenu syndicat, n'a jamais pu être majoritaire dans son département d'origine, ce qui n'est pas le cas en Lot-et-Garonne. La Coordination Rurale y est en effet pour la troisième fois à la barre de la chambre d'agriculture avec, actuellement, la présidence du bouillant Serge Bousquet Cassagne. Une évolution, accompagnée sur le plan politique, par la poussée du Front National.
Denis Barrault, ex-directeur de la chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne-qui fut remercié par Serge Bousquet Cassagne- a vécu pendant 40 ans l'actualité de l'agriculture lot-et-garonnaise et de ceux qui la font.

• LE RÔLE DES HOMMES

A travers un opuscule de plus de 100 pages titré "Les mouches ont changé d'âne", il fait utilement oeuvre d'historien agricole, et fait part de ses observations et commentaires sur une situation lot-et-garonnaise qu'il considère comme "atypique". A ses yeux cette conquête de l'opinion agricole lot-et-garonnaise s'explique en grande partie par les forces et les faiblesses de certains leaders syndicaux. Il rappelle notamment les rôles qui furent ceux de Guy Saint-Martin, Raymond Girardi, Jean-Michel Delmas. Ce dernier fut longtemps président de la FDSEA de Lot-et-Garonne, et selon l'analyse de Denis Barrault, il pourrait avoir été trop à l'écoute de sa maison mère, et pas assez de sa base -laquelle ne l'aurait pas reconnu comme l'un des siens- ce qui aurait favorisé la Coordination Rurale. Il livre aussi un portrait aussi vrai que nature de Serge Bousquet-Cassagne. En tout cas Denis Barrault, ne manque pas de courage pour communiquer ainsi son ressentiment, et il est probable que l'ouvrage engendrera quelques commentaires en pays garonnais et même ailleurs....

Gilbert Garrouty

Pour se procurer "Les mouches ont changé d'âne"
denis.barrault@orange.fr
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